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Peut-on croire au modèle suédois ? (2/2)

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Nous avons pointé dans une première partie en quoi le modèle suédois représentait une véritable troisième voie entre un libéralisme anglo-saxon et une social-démocratie à l‘inspiration soviétique et allemande. Derrière cet état de fait, derrière les clichés, plusieurs constats méritent d’être évoqués.

En Suède, la confiance envers les autres citoyens et l’Etat est étonnante. Tous ont conscience de vivre dans un ilot de prospérité qu’il convient de protéger. A ce titre, la position suédoise vis-à-vis de l’immigration est claire : seuls sont acceptés ceux qui pourront apporter un réel plus au pays. Cependant, malgré les barrières visibles ou plus invisibles (comme le niveau des prix, faisant de Stockholm une des villes les plus chères au monde), malgré des grandes villes de plus en plus cosmopolites, il y a comme une résistance à l’intgération de l’étranger. Les classes les plus pauvres, souvent issues de l’immigration, se sont paupérisées à la suite des quelques mesures d’austérité édictées après la crise de 2008 et ne bénéficient pas totalement des mêmes avantages sociaux. Ainsi, l’évolution du modèle suédois vis-à-vis d’une main d’œuvre immigrée en croissance sera intéressante. Certes, il n’y a pas encore d’opposition directe entre immigrants (ceux-là même qui s’étaient révoltés en 2013 dans les banlieues suédoises) et partis politiques anti-immigration (dont l’audience grandit). Mais les problèmes rencontrés lors de l’intégration des communautés immigrées pourraient bien s’amplifier dans les années à venir.

Le deuxième sujet préoccupant pourrait bien être l’immobilier. En partie du fait de l’immigration, les classes moyennes ont quitté les banlieues pour repeupler les centres-villes. Pour un résultat inquiétant : il faut désormais attendre plusieurs années avant d’avoir accès à un logement dans les centres des plus grandes villes du pays. A ce manque de place s’ajoute les prix du mètre carré, très proches de celui des plus beaux quartiers londoniens et parisiens. Le spectre de la bulle immobilière des années 1990 est dans toutes les têtes, mais le gouvernement semble en prendre conscience.

Une « société de Bisounours » ? Ou une société de « paresseux mais ambitieux » ?

Enfin, il y a le constat humain et sociétal. Les Suédois sont parmi les peuples les plus respectueux au monde et font toute confiance à l’Etat pour régir la société. Ce comportement passerait volontiers pour de la naïveté et de la crédulité dans un monde si violent et individualiste. En réalité, ce suivisme des règles et de l‘Etat ne peut tenir que lors de périodes de croissance. Tant que le niveau de vie ne sera pas affecté, tant que les avantages sociaux demeureront parmi les plus importants au monde, et enfin tant que le consensus politique entre droite et gauche se maintiendra, alors ce comportement continuera à prévaloir.

Néanmoins, en cas de crise majeure, et comme certains jeunes rencontrés ici et là commencent à l’émettre, tout changement politique et sociétal demeurera quasi-impossible. Pour cette société du consensus habituée à l’écoute des arguments de chacun et à une prise de décisions souvent longue, il faudra beaucoup de tact et de persuasion pour faire passer des réformes brutales. Mais, pour l’instant, celles-ci ne sont pas à l’ordre du jour. Tant mieux, tant la quiétude de ce pays charme les plus anxieux et stressés d’entre nous

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